MANILLE – À minuit pile le jour du Nouvel An, ce sera la fin des opérateurs de jeux en ligne philippins (POGO), devenus un fléau social en raison de leurs liens avec une série d’activités criminelles.
Conformément à l’ordonnance exécutive (EO) 74 signée par le président Ferdinand R. Marcos Jr. en novembre, les forces de l’ordre philippines ont lancé une répression contre les POGO pour garantir leur cessation d’activité avant fin 2024.
Cela a conduit à la fermeture du plus grand complexe POGO du pays, situé sur l’ancien site du resort Island Cove dans la province de Cavite le 17 décembre, sous la direction du secrétaire à l’Intérieur Jonvic Remulla, du sous-secrétaire Gilbert Cruz (directeur exécutif de la Commission présidentielle contre le crime organisé, PAOCC), du président de PAGCOR Alejandro Tengco et du chef de la police nationale (PNP), le général Rommel Francisco Marbil.
La famille Remulla avait vendu le resort à un promoteur immobilier en 2017. Le site avait commencé à fonctionner comme centre POGO en 2019.
Avec ses 33 hectares, ce complexe emploie 30 000 personnes, dont la moitié sont des Philippins.
Il comprend 57 bâtiments : dortoirs, salles de jeux, cafés, épiceries, cliniques, restaurants, spas et salons de beauté.
Par ailleurs, la PAOCC intensifie la lutte contre les POGO clandestins à travers le pays.
Les autorités inspecteront aussi les centres BPO (externalisation) de classe spéciale pour éviter qu’ils ne dissimulent des opérations POGO.
Chute de Guo et Quiboloy
2024 a aussi vu la chute de deux personnalités liées à des crimes – l’ex-maire de Bamban (Tarlac) Alice Guo et le leader religieux Apollo Quiboloy (Royaume de Jésus-Christ, KOJC).
Guo a été expulsée vers les Philippines après son arrestation en Indonésie en septembre.
L’ex-maire, ses frères et sœurs Wesley et Shiela, ainsi que leurs parents, avaient précédemment fait l’objet d’un mandat d’arrêt du Sénat pour avoir refusé de témoigner dans l’enquête sur les activités de Zun Yuan Technology Inc., un centre POGO à Bamban perquisitionné en mars.
L’enquête a aussi soulevé des doutes sur la nationalité de Guo : ses empreintes correspondaient à celles d’une Chinoise nommée Guo Hua Ping.
Le 12 août, le Médiateur a destitué Guo pour faute grave et l’a bannie à vie des fonctions publiques.
Cette décision faisait suite aux accusations du ministère de l’Intérieur (DILG) concernant son implication dans des POGO.
Guo et ses coaccusés font face à des charges de traite d’êtres humains après le sauvetage de 800 travailleurs philippins et étrangers lors d’une descente dans un centre POGO à Bamban en juin.
En septembre, des accusations criminelles (traite aggravée) ont été déposées contre Guo et 13 autres devant le tribunal de Pasig.
Parmi les accusés figurent Dennis Cunanan et 12 dirigeants de trois entreprises, supposés partenaires de Guo.
Quiboloy, lui, a été arrêté le 8 septembre dans son complexe KOJC à Davao après plus de deux semaines d’opération.
Il est inculpé de traite aggravée (crime imprescriptible), ainsi que d’abus sur mineurs et sexuels, avec cinq de ses assistants.
Ses avocats ont immédiatement demandé un placement en résidence surveillée ou à l’hôpital pour raisons médicales (antécédents cardiaques).
La requête a été rejetée après l’évaluation de l’hôpital de la PNP, qui a jugé son état non critique.
En novembre, Quiboloy a été transféré à la prison de Pasig depuis l’Hôpital cardiaque philippin où il était soigné sous permission médicale.
Succès de la lutte antidrogue sans effusion de sang
La campagne antidrogue de l’administration Marcos a saisi pour 51,14 milliards de pesos de stupéfiants et arrêté 119 022 suspects entre juillet 2022 et le 31 octobre 2024, selon l’agence antidrogue (PDEA).
Parmi eux, 7 567 cibles prioritaires, interpellées lors de 87 802 opérations.
1 217 repaires de drogue et 2 laboratoires clandestins de shabu ont été démantelés.
29 211 des 42 000 barangays (villages) ont été déclarés « libérés de la drogue », et 6 292 sont en cours d’évaluation.
Dans son discours sur l’état de la nation en juillet, Marcos Jr. a promis de poursuivre cette campagne « sans violence », excluant toute extermination.
Par ailleurs, le groupe antidrogue de la PNP (PDEG) a saisi près de 2,4 milliards de pesos de stupéfiants entre janvier et le 18 décembre 2024.
Selon son chef, le brigadier-général Eleazar Matta, ces saisies incluent 168 kg de shabu, 3,8 millions de plants de marijuana, 1 830 kg de feuilles séchées, 48,6 kg de kétamine, 36,9 kg de kush, 1 343 comprimés d’ecstasy et 90 g de cocaïne.
Ces drogues ont été interceptées lors de 698 opérations (filatures, perquisitions, destruction de cultures), aboutissant à 809 arrestations et 232 interpellations de personnes recherchées.
Matta a souligné l’accent mis sur l’interdiction, avec des opérations transparentes (caméras portatives) et des dossiers judiciaires solides.
Il a rendu hommage aux policiers tués en mission, dont l’héroïsme « motive la poursuite de cette lutte ».
Ces résultats reflètent la nouvelle stratégie 2024-2028 de la PNP, axée sur les droits humains et l’implication communautaire. (PNA)