Récemment, un fast-food libre-service dans une petite ruelle du district de Tianqiao à Jinan est devenu viral à cause d’un avis négatif déplorant des « portions trop petites ». De nombreux internautes ont plaisanté en soutenant le restaurant, le qualifiant de « mal traité ». Le 23 mai, un journaliste s’est rendu sur place pour enquêter.

Une minuscule boutique remplie avec seulement trois clients

Au détour d’un chemin sinueux près de la route Lishan, on pénètre dans l’un des derniers villages urbains de Jinan : Liuxing. À quelques pas du lac Daming, Xiao Meng, trentenaire, y tient son fast-food à 5 yuans en libre-service.

(Xiao Meng, le propriétaire, est la personne à droite)

À 16h ce jour-là, le journaliste a trouvé Xiao Meng en train de faire sauter des pommes de terre râpées, en sueur avant l’heure d’affluence. Le local ne fait qu’une dizaine de mètres carrés, dont plus de la moitié occupée par la cuisine. Deux tables pliantes constituent l’espace repas.

« Surtout à emporter, mais on peut manger sur place. C’est juste très exigu : trois personnes, et c’est complet », explique Xiao Meng en riant. Chaque soir, il prépare 6 à 8 plats de légumes de saison à 5 yuans, avec libre accès tant que ça tient dans la boîte. Le riz est à 1 yuan supplémentaire. « Je vise surtout les livreurs et ouvriers du coin : des portions copieuses à petit prix. »

Peu à peu, les clients arrivent. « Qu’est-ce qu’il y a aujourd’hui ? » « Un plat avec viande en plus, bientôt prêt », répond Xiao Meng en cuisinant. Ce client vient ici près de la moitié du temps chaque mois.

Avant même sa soudaine célébrité, l’affaire marchait bien : « Tous les plats sont écoulés chaque soir entre 16h et 21h. » Mais Xiao Meng ne s’attendait pas à ce que son échoppe minuscule devienne un phénomène internet.

Un seul avis négatif a enflammé les débats en ligne

Tout a commencé il y a trois mois, quand Xiao Meng traversait une période difficile. « Diplômé depuis des années, mais toujours des obstacles. Je travaillait à mi-temps dans la restauration. » Le reste du temps, il jouait aux jeux vidéo dans sa chambre.

Ce quartier, l’un des derniers bidonvilles du centre, attire les travailleurs migrants. Le soir, Xiao Meng voyait souvent des jeunes manger des brioches fourrées aux légumes marinés sur les marches. Peu d’endroits proposaient des plats rapides et abordables. D’où l’idée d’ouvrir ce fast-food.

Avec un loyer mensuel de seulement 830 yuans, il a fixé le prix à 5 yuans le plat. Pour se faire connaître, il postait des vidéos et promotions en ligne.

Mais le mois dernier, un avis a critiqué : « portions trop petites pour le prix ».

« Ça m’a contrarié, mais on ne peut pas plaire à tout le monde », dit Xiao Meng. Puis sa vidéo montrant son « restaurant plein avec trois clients » est devenue virale, attirant l’attention sur cet avis.

Les internautes se sont moqués : « Il y a du crabe royal à 5 yuans ? » « Je prends un steak, à point s’il vous plaît. » Certains ont même ajouté des « homards australiens » et autres plats luxueux sur la page du restaurant. Xiao Meng en a ri aux larmes : « Se faire taquiner, c’est finalement réconfortant. »

Des inconnus ont envoyé des « compléments luxueux »

« Un mois de pub ne vaut pas un seul mauvais commentaire », plaisante Xiao Meng. Depuis, des « fans » viennent en masse. Il montre des caisses de boissons offertes par un client de Canton. D’autres ont envoyé du bacon et du bœuf « pour agrémenter le menu ».

Les messages sous ses vidéos sont touchants : « J’arrive la semaine prochaine avec du bœuf de mon pays », « Je t’envoie des crabes sautés »…

Gérer seul est épuisant. Xiao Meng a même pensé à fermer. « Ces derniers jours, j’ai pris quelques jours de repos. » Mais les clients l’ont supplié de rouvrir.

« C’est la bienveillance de tous qui soutient ma petite boutique », confie Xiao Meng. « Après tant d’échecs, ma vie est enfin plus riche. Ces encouragements me motivent à continuer. »

Il a redistribué les ingrédients reçus en plats « spécial fans ». « La plupart sont des travailleurs modestes. Je transmets simplement cette gentillesse. » Et d’ajouter en riant : « Avec du bœuf et du bacon à 5 yuans, les avis négatifs devraient disparaître. »

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