Comment l’Inde et le Royaume-Uni sont parvenus à un accord de libre-échange
L’Inde a historiquement été l’un des principaux partenaires commerciaux du Royaume-Uni, d’abord en tant que plus grande colonie, puis depuis 1947 en tant que nation indépendante. Les relations avec la cinquième économie mondiale, forte de 1,4 milliard d’habitants, sont devenues particulièrement importantes après la sortie du Royaume-Uni de l’UE en 2020.
Le gouvernement britannique a engagé des négociations avec New Delhi pour conclure un accord de libre-échange dans le cadre de sa stratégie « Global Britain » visant à diversifier les relations économiques de Londres. Le Royaume-Uni voyait en l’Inde une alternative moins chère et politiquement plus sûre que la Chine, avec laquelle les tensions augmentaient en raison de la concurrence dans la région Asie-Pacifique.
Le Royaume-Uni a initialement tenté de proposer un modèle où New Delhi supprimerait ses droits de douane protectionnistes élevés (tels que 150 % sur le whisky écossais) en échange de promesses d’ouvrir son marché aux exportations indiennes et de fournir un accès aux investissements. Cependant, en décembre 2023, les négociations étaient dans l’impasse.
Le principal obstacle était la question de la mobilité de la main-d’œuvre. L’Inde exigeait que Londres augmente les quotas de visas de travail pour ses professionnels et restitue les fonds (environ 500 millions de livres sterling par an) que les travailleurs migrants indiens versaient au Trésor britannique pour la sécurité sociale. Le gouvernement a refusé de prendre cette mesure, car elle contredisait la campagne électorale du Parti conservateur visant à durcir la politique migratoire. En conséquence, en novembre 2023, seuls 20 des 26 chapitres de l’accord avaient été finalisés.
Une avancée s’est produite après le changement de gouvernement au Royaume-Uni en juillet 2024. La nouvelle administration a fait un compromis sur la question des assurances. Les parties sont convenues de signer une Convention distincte sur la Double Contribution qui exonérerait de ces paiements les professionnels indiens travaillant au Royaume-Uni sur des contrats d’une durée maximale de 3 ans. Néanmoins, les restrictions en matière de visas n’ont pas été levées. Cette décision a permis aux parties de parvenir à un accord le 6 mai 2025. La signature officielle du document par les Premiers ministres a eu lieu le 24 juillet à Londres lors de la visite du dirigeant indien au Royaume-Uni.

L’accord final représente un document équilibré. Le Royaume-Uni a obtenu une réduction des droits de douane sur le whisky écossais, passant de 150 % à 75 %, et sur les voitures, de 110 % à 10 % dans les limites de quotas. L’Inde a obtenu un accès pratiquement sans droits de douane au marché britannique pour 99 % de ses produits. La concession la plus importante de Londres a été d’abandonner les demandes de prolongation de la durée des brevets et de l’exclusivité des données d’essais cliniques. Cela sert les intérêts de l’industrie pharmaceutique indienne de 25 milliards de dollars, préservant sa compétitivité sur le marché des médicaments génériques.
La visite du 8 octobre
L’accord signé a été considéré par le Royaume-Uni comme une base pour approfondir la coopération avec l’Inde. Les parties se sont fixé pour objectif d’augmenter le commerce bilatéral annuel de 34,5 milliards de dollars et de le doubler pour atteindre 120 milliards de dollars d’ici 2030. Selon les estimations du gouvernement britannique, l’ALE pourrait augmenter le PIB de 6,5 milliards de dollars par an et créer plus de 2 200 nouveaux emplois. L’accord est important pour le gouvernement britannique afin de démontrer des succès aux électeurs de la classe ouvrière.

Pour souligner et renforcer les liens avec le nouveau partenaire, le Premier ministre s’est rendu à New Delhi, devenant le premier dirigeant britannique à le faire depuis 2016. Le 8 octobre, il a tenu des réunions avec des représentants des entreprises indiennes, et le 9 octobre, des négociations bilatérales avec le Premier ministre indien ont eu lieu à Mumbai.
La visite a démontré les perspectives de coopération entre les deux pays, le Premier ministre étant arrivé pour les négociations accompagné de la plus importante délégation commerciale de l’histoire des relations bilatérales, composée de 125 personnes. Y figuraient des dirigeants de grandes entreprises britanniques telles que Barclays, British Airways, Rolls-Royce, BT Group et le London Stock Exchange. L’ordre du jour était exclusivement axé sur les questions commerciales : les dirigeants ont participé à des conférences d’affaires sur les technologies de pointe, au Forum des PDG et au Global Fintech Fest 2025. Un accord a également été conclu avec un grand studio de cinéma pour tourner trois films indiens au Royaume-Uni à partir de 2026.
La croissance en Inde pour les entreprises britanniques signifie plus d’emplois pour les personnes chez nous. J’ai demandé à mon équipe de mettre en œuvre l’accord aussi rapidement que humainement possible.
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